Odah & Dako
Le duo qui réveille l’impro
CELUI QUI est coiffé comme Desireless, c’est Dako. Le tombeur aux biceps saillants, c’est Odah. Un duo accro au tempo de l’impro, capable de construire en direct un morceau de rap à partir de mots choisis au hasard par le public. Une performance bluffante, qui vaut à ces deux champions de ping-pong verbal de 28 et 29 ans d’avoir assuré la première partie de l’humoriste Nawell Madani et de défendre leur propre spectacle au Gymnase, à Paris.
Un show qui change tous les soirs : lors de notre venue, Odah et Dako ont fait rimer Dark Vador avec stéthoscope, cacahuète avec péniche verte. Ils peuvent aussi partir d’objets piochés dans la salle — un briquet, des chewing-gums… les deux complices alternent leurs impros avec des séquences de stand-up : une séance de drague avec une spectatrice — « tu veux un mec drôle ? Mon surnom, c’est Carambar » — une parodie de rap bling-bling, une dispute — « il est tout petit, c’est la fusion de Passe-Partout et Sarkozy ».
Avant eux, les bonimenteurs ou le chanteur Thomas Boissy inventaient déjà des rimes sans filet. C’est grâce au rap qu’est née la vocation de Dao et Samir, leurs vrais prénoms : copains de lycée à Maisons-Alfort (Valde- Marne), ces fans d’IAM et d’Oxmo Puccino mais aussi de Jamel et de Gad Elmaleh commencent par l’impro musicale, avant de s’essayer au théâtre sur des scènes ouvertes.
« Au départ, c’était juste un hobby, raconte Odah. On a fait une école de commerce et on travaillait dans des sociétés informatiques lorsque Nawell Madani nous a proposé de partir en tournée avec elle. Il a fallu choisir ! »
Au même moment, BeIN Sports les recrute pour intervenir dans la matinale de la chaîne. Après le Point-Virgule et le République, les voilà jusqu’en juin au Gymnase. Avant sans doute une tournée l’an prochain.
Mais comment font-ils pour rebondir aussi vite d’une rime à l’autre ?
« A la base, on s’est entraînés pendant des heures, mais maintenant, ça vient tout seul, confie Odah. C’est une gymnastique intellectuelle qui demande un peu d’entretien. Quand on n’a pas joué depuis longtemps, on répète. »
Condition sine qua non : suivre l’actualité, car le public s’en inspire pour lancer des thèmes. « En ce moment, on a beaucoup de Nuit debout. » Bientôt, ce sont eux qui feront la une. THIERRY DAGUE